Au Pople Nostre
Paure pople de Prouvènço,
Sèmpre mai entamena.
Sènso sousto ni defènso,
Is óutrage abandouna !
A l’escolo te derrabon
Lou lengage de ti grand
E toun desounour acabon,
Pople, en te desnaturant.
Refrain :
Te mastrouion li cervello,
T’endóutrinon coume un niais,
Pèr fin que la manivello
Vire tóuti au meme biais.
Di vièi mot de toun usage
Ounte pènses libramen
Un arlèri de passage
T’enebis lou parlamen.
Ti bèlli cansoun bouniasso,
Lis óublides, o badau !
Pèr li vilanié bestiasso
Que te plovon d’amoundaut.
À notre Peuple
Pauvre peuple de Provence,
Toujours plus abîmé.
Sans abri ni défense,
Abandonné aux outrages !
A l’école ils arrachent,
La langue de tes parents,
Et l’on achève ton déshonneur,
Peuple, en te dénaturant.
Refrain :
Ils te pétrissent le cerveau,
Ils t’endoctrinent comme un niais,
Pour qu’à la fin la manivelle
Tourne pour tous de la même manière.
Des vieux mots de ton usage
Où tu penses librement
Un impertinent de passage
T’interdit le parler.
Tes belles chansons naïfs,
Tu les oublies oh, badaud !
Pour les viles bêtises
Qui te tombent d’en haut.
Adaptation du poème Au Pople Nostre de Frédéric Mistral (1830-1914) – Janvier 1905.